Le sujet me touche parce que je travaille dans l'agroalimentaire (par choix, c'est mon domaine de formation, et pas chez Findus ni un concurrent), et adorant les chevaux je suis contre l'hippophagie (à quelques exceptions près).
je me dis que l'on bouffe vraiment n'importe quoi
Toutes proportions gardées, l'incident n'est pas d'une gravité énorme non plus. Les produits commercialisés étaient sains, puisque la viande de cheval en question provient d'un abattoir européen respectant les normes sanitaires communautaires. Il n'y a donc aucun danger en termes de santé pour le consommateur. Oui, je suis d'accord le conso a acheté des lasagnes de boeuf, et il s'attend à manger de la vache et pas du cheval, il ne risque néanmoins strictement rien, si ce n'est un préjudice moral.
Suède, France, Luxembourg, Chypre, Pays-Bas, Roumanie, nan mais sérieusement ?!
Le conso cherche des produits sains, de qualité et au prix le plus bas possible. Forcément, pour les entreprises agro, ça oblige à tirer les prix à tous les niveaux de la chaîne et donc au niveau de l'approvisionnement. Ici, Findus n'est pas le producteur de ces lasagnes, il fait sous-traiter la réalisation de ce produit à une entreprise française (Comigel) très certainement parce qu'il a calculé que la sous-traitance lui coûtait moins cher que l'investissement de l'équipement et des hommes pour réaliser lui-même ce produit. Comigel fabrique ces lasagnes dans son usine de Cappellen (au Luxembourg), en s'approvisionnant en viande chez Spangherro (français également). Spangherro pour obtenir un prix d'achat de sa viande intéressant a fait sous-traiter l'achat à un trader de Chypre (ce n'est qu'un négociant qui assit devant son ordinateur achète au meilleur prix sur différents marchés de la viande), lequel sous-traite lui-même cette opération à un collègue des Pays-Bas, qui réalise la transaction en achetant la viande en Roumanie. C'est une chaîne d'approvisionnement somme toute classique dans le milieu de l'agroalimentaire, sur des produits transformés, sans différenciation particulière (pas de label qualité particulier, pas de garantie d'origine, etc.). Par curiosité, demandez à votre petit boulanger en face de chez vous de vous décrire la chaîne d'approvisionnement du blé duquel est issue la farine qui a servi à faire la baguette standard que vous achetez, vous serez peut-être surpris !
N'importe qui peut coller une étiquette "cheval" sur un truc sensé être du boeuf ?
Je ne suis jamais rentrée dans un abattoir ou un atelier de découpe roumain, seulement dans des français. Or, dans un abattoir français, de l'entrée de l'animal sur pattes vivant à l'abattoir, à la sortie du steak haché conditionné sous atmosphère protectrice, l'animal, les pièces de boucheries, les découpes sont tous accompagnés à tous les stades de la chaîne de leurs données de traçabilité comprenant en autre et de façon non exhaustive le type de l'animal et ses lieux et dates de naissance, d'élevage et d'abattage. Pour arriver à coller une étiquette cheval sur du boeuf, soit il faut une énorme bourde humaine qui passe au travers de tous les contrôles, soit il faut frauder. Mon intuition me fait pencher vers la seconde option, mais ce n'est qu'une intuition.
Cf shéma ci-dessous de la traçabilité sur une viande telle qu'elle est menée en France :